Le genre, qu’est-ce que c’est?

 

Le genre est un concept utilisé dans le cadre de ce que l’on nomme les « études de genre », c’est-à-dire, l’ensemble des recherches universitaires qui prennent pour objet les femmes et les hommes ainsi que les rapports sociaux qui les lient. Les études de genre constituent un champ de recherche qui, depuis une quarantaine d’années, rassemble des disciplines très diverses autour de cet objet commun du masculin et du féminin. Ce sont les apports de ces recherches que l’on tente de résumer ici, de manière très schématique afin de fournir une base de réflexion. Les auteur·e·s de « Introduction aux Gender Studies. Manuel des études sur le genre. » (De Boeck, 2008) mettent en évidence quatre dimensions fondamentales du concept de genre, que nous reprenons ici.

Le genre est une construction sociale

Les chercheuses et chercheurs des études de genre affirment qu’il n’existe pas d’essence de la féminité ni de la masculinité, mais un apprentissage tout au long de la vie des comportements socialement attendus d’une femme ou d’un homme. Ce mode de pensée s’oppose aux conceptions qui attribuent des caractéristiques immuables aux hommes et aux femmes, dérivées directement de leurs caractéristiques biologiques. Par exemple :

Les hommes sont forts, les femmes aiment être protégées
Les femmes sont discrètes, les hommes sont dominants
Les hommes sont doués en mathématiques, les femmes sont douées pour s’occuper des autres
Les femmes ne savent pas se repérer dans l’espace, les hommes ne savent pas cuisiner
Les hommes ne savent pas communiquer, les femmes ne savent pas se taire
Les femmes ne savent pas gérer leurs émotions, les hommes ne savent pas montrer leurs émotions

Les différences qu’on peut observer entre les genres et la hiérarchie qui caractérise leurs rapports sont le résultat d’une construction sociale qui, partant de caractéristiques biologiques données, attache au féminin et au masculin un certain nombre de valeurs, de comportements, ainsi que des rôles spécifiques. Cette définition du genre repose sur une posture dite constructiviste, qu’on peut résumer par la célèbre formule de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme [ou homme], on le devient ».

Le genre est un processus relationnel

Les caractéristiques masculines et féminines évoquées ci-dessus ne sont pas construites de manière indépendante l’une de l’autre mais dans une relation d’opposition entre le masculin et le féminin. Dans le cadre des études de genre, on part donc du principe qu’on ne peut pas étudier ce qui relève du féminin sans le masculin, et vice-versa – ce qui ne signifie pas, bien sûr, qu’on ne peut pas se focaliser sur l’un ou l’autre groupe.

Le genre est un rapport de pouvoir

Comme on l’a vu, le masculin et le féminin sont en relation, mais il ne s’agit pas d’une relation symétrique, équilibrée. La vision dominante met l’accent sur ce qui distingue les hommes des femmes et non sur ce qui les rapproche. Les relations sociales entre les sexes sont, dans un tel contexte, appréhendé comme un rapport de pouvoir. Le genre distingue le masculin et le féminin, et, dans le même mouvement, les hiérarchise à l’avantage du masculin. Bien que multiples, divers et localement reconfigurables, ces rapports se caractérisent par ce que Pierre Bourdieu appelle « la domination masculine », ou la « valence différentielle des sexes » selon Françoise Héritier, et que l’on peut aussi nommer le « patriarcat ».

Ceci a pour résultat une société androcentriste, l’androcentrisme étant un mode de pensée, conscient ou non, consistant à envisager le monde uniquement ou en majeure partie du point de vue des êtres humains de sexe masculin. Dans ce type de société, le masculin représente non seulement ce qui est supérieur, mais également ce qui est universel et neutre. Ceci se retrouve par exemple dans le langage par des règles comme « le masculin l’emporte toujours sur le féminin » ou dans le fait que les filles arrivent à s’identifier à des héros masculins alors que les garçons pas. En effet, pour un homme, s’identifier à une héroïne reviendrait à une dégradation de son statut alors que pour une femme s’identifier à un héros masculin représente une promotion.

En posant une frontière entre les deux sexes, le genre est en soi oppressif, puisqu’il n’admet pas de déviation par rapport aux normes qu’il établit. Cet ordre social est donc un ordre normatif qui sanctionne les déviances de genre tels que les hommes dits « efféminés », les filles décrites comme « garçons manqués », les personnes homosexuelles, bisexuelles, trans, queer, intersexe, etc.

Le genre est imbriqué dans d’autres rapports de pouvoir

Le genre est un rapport de pouvoir qui ne peut être envisagé de manière complètement autonome. Il se trouve en effet à l’intersection de nombreux rapports de pouvoir, régis par les catégories de classe sociale, de richesse, de couleur de peau, d’ethnie, de religion, d’orientation sexuelle, d’âge, d’état de santé, etc.